Aperçu
L’ensemble des troubles causés par l’alcoolisation fœtale (ETCAF) est un terme générique utilisé pour décrire les effets qui peuvent survenir chez une personne dont la mère a consommé de l’alcool (voir « alcool » dans la rubrique des liens connexes) pendant sa grossesse.
Lorsqu’une femme enceinte consomme de l’alcool, son fœtus est directement exposé à l’alcool à travers la circulation sanguine. Or, si l’alcool peut perturber la croissance et le développement de tous les systèmes organiques du fœtus, c’est le développement du système nerveux central (cerveau et moelle épinière) qui est le plus particulièrement exposé à ses effets délétères. Ces effets, dont la gravité varie d’une personne à l’autre, peuvent comprendre les déficiences physiques et mentales, ainsi que les troubles du comportement et de l’apprentissage. IIs peuvent avoir des implications variables tout au long de la vie.
L’ETCAF ne fait pas de distinction entre les conditions socio-économiques et les origines ethniques.
Il englobe trois diagnostics distincts :
Syndrome d’alcoolisme fœtal (SAF)
La forme la plus grave et la plus facile à discerner de l’ETCAF. En Occident, elle représente la première cause évitable connue des déficiences intellectuelles. Le diagnostic du SAF repose sur les critères suivants :
- troubles de la croissance (taille ou poids se situant au 10e centile ou en dessous);
- ensemble particulier de difformités faciales (raccourcissement des fentes palpébrales, sillon mal dessiné entre la lèvre supérieure et le nez, et amincissement de la lèvre supérieure);
- atteinte au système nerveux central, qui peut entraîner toutes sortes de troubles physiques, cognitifs et comportementaux, dont une atrophie cérébrale, des crises convulsives, un manque de coordination, des troubles orthoptiques, un quotient intellectuel inférieur, des retards importants du développement, un déficit de l’attention et l’hyperactivité;
- exposition prénatale confirmée ou non confirmée à l’alcool.
Syndrome d'alcoolisme fœtal partiel (SAFp)
Ce diagnostic est posé lorsque les sujets présentent :
- certains des troubles de la croissance ou traits faciaux caractéristiques du SAF;
- une atteinte au système nerveux central;
- une exposition prénatale confirmée à l’alcool.
Trouble neurodéveloppemental lié à l'alcool (TNLA)
Ce diagnostic est posé lorsque les sujets présentent :
- une atteinte au système nerveux central;
- une exposition prénatale confirmée à l’alcool.
Le TNLA est bien plus répandu que le SAF ou le SAFp.
Signes et symptômes
Chaque personne atteinte de TCAF possède des atouts et des handicaps qui lui sont propres, mais tous les sujets porteurs d’un des diagnostics du spectre de l’alcoolisme fœtal présentent une certaine lésion cérébrale causée par leur exposition prénatale à l’alcool.
Les signes et symptômes de l’ETCAF sont généralement répartis entre incapacités primaires et incapacités secondaires. Les listes d’incapacités primaires et secondaires énumérées ci-dessous ne s’appliquent pas uniformément à toutes les personnes atteintes du syndrome de l'alcoolisme fœtal. Ces deux listes ne font qu’indiquer les déficiences couramment observées dans cette population.
Les incapacités primaires de l’ETCAF découlent directement de l’atteinte sous-jacente au système nerveux central, causée par l’exposition prénatale à l’alcool. Cette lésion cérébrale se manifeste par une série de troubles du comportement adaptatif, de l’attention, de la cognition, des fonctions exécutives et de la mémoire. Les personnes atteintes de l’ETCAF peuvent donc éprouver des difficultés à raisonner de façon abstraite, à s’organiser, à établir des plans, à comprendre une séquence d’événements ou à s’en souvenir, à établir des relations de cause à effet et à réguler leurs comportements et leurs émotions.
Parmi les incapacités primaires attribuables à une lésion cérébrale, figurent :
- les déficiences de la mémoire;
- l’incapacité à ignorer les distractions extérieures ou émotives et les stimuli sensoriels;
- la lenteur et le manque de régularité du traitement cognitif et auditif;
- la diminution de l’endurance mentale;
- la difficulté à interpréter les concepts abstraits et à les appliquer (p. ex., difficulté à gérer son argent et son temps);
- l’impulsivité et le manque de jugement;
- l’incapacité à prévoir les conséquences de ses propres actes ou des actes d’autrui;
- la difficulté à passer d’un contexte à un autre;
- la résistance au changement;
- l’incapacité à comprendre le point de vue d’une autre personne;
- l’incapacité à reconnaître les modes de communication non verbaux (p. ex., les gestes ou les expressions du visage).
Une autre caractéristique commune aux personnes atteintes de l’ETCAF est la dysmaturité, un terme qui désigne des degrés variés de maturité dans divers domaines du développement : habiletés langagières (expression et compréhension), aptitudes à la socialisation et à l’autonomie, et prise de conscience et régulation des émotions. Les sujets atteints de l’ETCAF n’ont souvent pas la capacité de répondre aux attentes fondées sur l’âge sur les plans social et scolaire. Et quand on considère que les troubles causés par l’alcoolisme fœtal ne sont généralement pas évidents, on comprend que les effets de la dysmaturité puissent susciter confusion et frustration chez la personne affectée ainsi que les membres de son entourage.
L’alcool est toxique et peut affecter les organes et systèmes d’un fœtus. Les sujets atteints de l’ETCAF peuvent aussi présenter des troubles permanents de la vue et de l’ouïe, des malformations des os, membres, doigts et orteils, et souffrir de lésions cardiaques, rénales et hépatiques, ainsi que d’autres troubles organiques.
Les incapacités secondaires ne sont pas présentes à la naissance, mais se manifestent plus tard dans la vie à cause des incapacités primaires associées à l’ETCAF. Il s’agit notamment de ce qui suit :
- problèmes de santé mentale;
- perturbations de la vie scolaire (suspension ou expulsion de l’école, ou décrochage scolaire);
- démêlés avec la justice (problèmes avec les autorités, inculpation ou condamnation pour acte criminel);
- claustration (traitement en hôpital pour troubles mentaux, alcoolisme ou toxicomanie, ou incarcération pour acte criminel);
- dépendance à l’alcool ou aux drogues;
- mauvais rendement et échec scolaires;
- perversions sexuelles;
- difficultés liées à l’emploi;
- incapacité à vivre de façon autonome.
Conjugués aux incapacités primaires, ces troubles secondaires compliquent la prise en charge et se traduisent par un important fardeau pour la société et l’économie.
Causes et facteurs de risque
L’ETCAF est évitable! AUCUNE quantité d’alcool et AUCUN type de boisson alcoolisée n’est sans danger durant la grossesse, le risque se posant durant la période de la grossesse entière. Les femmes enceintes feraient bien de s’abstenir de consommer de l’alcool durant leur grossesse.
Vous trouverez des renseignements généraux sur l’ETCAF et la fa?on de prévenir les troubles causés par l’alcoolisme f?tal dans le dépliant Alcohol and Pregnancy: Protect Your Child (PDF) (voir ? Alcohol and pregnancy: protect your child (PDF) ? dans la rubrique des liens connexes).
Diagnostic et traitement
Lorsque le diagnostic d’ETCAF est posé t?t, il est possible de prendre des mesures pour minimiser ses répercussions et prévenir les incapacités secondaires.
De nombreux types de traitements s’offrent aux personnes atteintes de l’ETCAF :
- traitements médicaux et spécialisés (p. ex., orthophonie, ergothérapie, physiothérapie et soins de santé mentale);
- médicaments, pour atténuer certains sympt?mes de l’ETCAF;
- thérapie comportementale et pédagogie curative;
- formation parentale;
- méthodes non traditionnelles (p. ex., entra?nement auditif, psychothérapie de créativité et méditation).
Certains programmes spéciaux peuvent atténuer les problèmes sur les plans de l’apprentissage et du comportement. Ces programmes permettent aux sujets de gagner en autonomie et de réaliser leur plein potentiel.
Certains facteurs de protection peuvent minimiser les effets de l’ETCAF et aider les personnes qui en sont atteintes à réaliser leur plein potentiel, notamment :
- diagnostic précoce;
- recours aux programmes d’enseignement à l’enfance en difficulté et aux services sociaux;
- milieu familial stable, chaleureux et édifiant;
- absence de violence.
Programmes et services connexes
Autres ressources
Toute femme qui boit de l’alcool avant de savoir qu’elle était enceinte doit cesser immédiatement d’en consommer et de parler à son médecin. En cessant la consommation d’alcool durant la grossesse, elle diminue le risque d’effets nocifs pour l’enfant à naître.
Toute femme enceinte qui n’arrive pas à arrêter la consommation de l’alcool peut obtenir de l’aide à la Clinique de l’alcoolisme (recherche et traitement) (ARTC) de CAMH. Aucun renvoi par un médecin n’est nécessaire. L’ARTC offre une évaluation complète, effectuée par une équipe pluridisciplinaire qui tient compte des aspects psychosocial et médical de la femme.
Les femmes enceintes qui s’inquiètent de la santé de leur fœtus peuvent recourir à l’un des centres de diagnostic suivants :
Centres de diagnostic